Une bonne bière au bord du Kibali

Bien sûr, il est recommandé de ne pas sortir du camp, dès lors qu'on y est entré. Comme chacun sait, l'extérieur est plein de dangers et fourmille de gens quatre par quatre prêts à bondir. Ce n'est pas une raison pour être naïf ou inconscient, mais pas non plus rester complètement recroquevillés et claquemurés.

Alors, quand Dieudonné prépare ses cacahuètes magiques (la recette ; arachides fraîches, légèrement cuites dans un bouillon avec aïl et gingembre, puis séchées au soleil), et au retour des vols en fin d'après-midi, nous allons faire un tour chez Julienne, au bord du Kibali. La rivière est très large et coule doucement. Quelques centaines de mètres plus loin, elle rejoint le Dungu, pour former l'Uele qui plus tard rejoint le fleuve Congo. Au conluent, on y voit parfois les hippopotames : énormes.

Nos discussions sont bien sereines, éloignées des préoccupations parisiennes, et tournent le plus souvent sur la culture congolaise, l'aviation locale, et les missions. Ce n'est pas d'ici que l'on refait le monde !!!

La bière est fraîche et douce. Lorsque le crépuscule arrive, les moustiques également (par chance, je suis moins agressé que d'autres !)

Nous rencontrons parfois d'autres humanitaires, le plus truculent étant notre ami Camille, un adorable petit bonhomme béninois, avocat de formation et qui travaille à l'UNHCR depuis des années et des années. Il a été de toutes les missions : Tchad, Rwanda, Burundi, Soudan, Ethiopie, Congo, Centrafrique... Il a des tas d'histoires à raconter, certaines tristes mais aussi et surtout des histoires humaines.

Il devait retourner sur Goma rapidement, mais lorsqu'une émeute a éclaté dans une ville voisine, en raison de la non-distribution d'aide alimentaire... eh bien, c'est Camille qui est allé négocier et a payé de sa personne pour aller calmer tout le monde. Il est adorable et séducteur patenté !

Ainsi passent parfois les fins d'après-midi, doucement et presque douillettement.