Des VIP émouvants
C'était au mois de juin 2016.
Le contrat qui nous lie maintenant aux Nations Unies n'était pas encore finalisé, signé, tamponné... Bref, nous avions des possibilités de réaliser des vols "à la demande", par exemple pour l'ambassade de France en RCA.
Un samedi, donc, nous voilà prêts pour un petit vol vers une localité à 40 min à l'ouest de Bangui. Prêts, c'est-à-dire avion préparé, plans de vols déposés, météo et notam travaillés, route prévue, carburant en quantité suffisante, etc... Le carburant : la bonne quantité, réglementaire et sécuritaire, mais pas davantage car la piste là-bas fait 750m environ, et il faudra décoller pour le retour... pas seulement y atterrir.
Nous devons transporter l'Ambassadeur de France, 2 Ministres centrafricains et leurs accompagnateurs.
Les voici ? Oui, mais l'une des ministres repart en ville, car quelque chose d'important a été omis. Une heure après, la voilà de retour.
Présentations, photo souvenir : c'est moi qui fait la photo, et ce n'est pas un selfie, d'où mon absence sur le cliché. C'est souvent comme cela !
Nous voilà partis. Vol court. Préparation de l'arrivée, atterrissage, roulage vers le bout de piste.
Un véhicule blindé léger des Casques Bleus gardera l'avion pendant notre absence. Nous sommes invités à suivre la délégation, qui visitera un hôpital animé par une ONG qui fait un travail remarquable. Puis, la délégation se transporte vers l'objet de son déplacement : l'inauguration d'un marché, qui a été reconstruit avec des fonds apportés par l'ambassade de France.
Reconstruit... parce que détruit... lors des événements de 2013. En deux jours, dans cette localité où deux communautés existent de façon pacifique ordinairement (chrétiens et musulmans), les heurts feront plusieurs dizaines de victimes et le marché sera détruit. Tout le monde était ensuite bien ennuyé, car le marché servait évidemment à tous, sans distinction de confession.
On sent bien que la reconstruction a été une action forte, qui a de nouveau rassemblé les habitants. Sans doute, pour nombre d'entre eux, se demandent-ils comment on a pu en arriver à ces extrémités. Machiavel le disait déjà : "La guerre, on la commence quand on veut et on la termine quand on peut". Une fois la violence enclenchée, il est bien difficile de prévoir et d'atteindre une issue. Le mauvais génie sorti de la bouteille n'y rentre plus.
Cérémonie : danse africaine d'accueil, puis discours, geste inaugural. Rencontre avec les communautés : pas séparément. Tous ensemble. Tout n'a pas été complètement reconstruit. le neuf a remplacé une partie de ce qui a été détruit, mais il restera encore du travail pour une surface à l'identique.
Quelques boissons fraîches, de nouveau des échanges et il est temps de partir.
On retourne un peu à l'avance à notre avion, préparons... et nous voilà sur le chemin de retour.
Arrivés à Bangui, on discute un peu, on se sépare. D'un certain point de vue, plus sereins, plus légers.